9. Environnement et solidarité : de l’appréciable et du souhaitable


Toutes les formes d’aide aux personnes défavorisées et à l’environnement dévasté sont appréciables.

Tous les gestes d’amour sont essentiels. Ils élargissent la portion du monde où règnent la paix et l’harmonie.

La pangée. Murale de Danae Brissonnet. Montréal, 2018. (photo – Olivier Bousquet)

Les petits gestes

Tous les « petits gestes » de générosité sont appréciables : l’enfant découragé que l’on console, la boîte de carton trainant sur la rue que l’on ramasse pour la placer dans notre bac de récupération, la mère malade que l’on aide, les aliments en vrac que l’on achète afin de diminuer les emballages utilisés, le voisin à qui l’on donne un coup de main, le repas de viande que l’on remplace par un met végétarien afin de diminuer les problématiques environnementales, le frère désemparé que l’on écoute et l’amie à qui on rend un service. 

De plus, chaque mère, père ou enfant dont on prend soin est beaucoup plus susceptible d’aimer à son tour. Les sourires réchauffent les cœurs qui, en retour, peuvent plus facilement sourire aux autres.

Entraide. Murale de Dominic Lessard, Val-du-Lac, 2023.

Les nobles engagements

Toutes les formes de bénévolat sont aussi des activités qui peuvent grandement améliorer la qualité de vie dans notre monde. Ce sont des temps libres de personnes vivant dans notre monde choyé qui sont dédiés aux autres et non à eux-mêmes. Ces implications dans des organisations qui prennent soin des humains ou de l’environnement agrandissent donc systématiquement la part du monde ayant accès à un mieux-être.

D’autre part, les organismes humanitaires et environnementaux aident très souvent à diminuer les grands problèmes pour lesquels les individus ont bien peu de prise lorsqu’ils agissent seuls : les écarts de richesse, les famines, la pollution produite par des usines, les prisonniers d’opinion, les espèces animales en danger, l’utilisation des paradis fiscaux, les déchets rejetés dans les océans, etc. Toutes les personnes, bénévoles ou rémunérées, qui s’impliquent dans ces organisations sont donc fondamentales pour préserver minimalement une nature saine et des humains à l’abri des plus grands malheurs.

Chaque goutte compte. Murale de Julio Moreno, Montréal, 2009. (photo Stépnane Cocke)

Évidemment, le support financier octroyé à ces organismes est aussi incontournable. À ce propos, les donations mensuelles régulières constituent un moyen privilégié pour assurer la continuité de leurs actions d’aide.

La problématique des inégalités

Pour la multitude des humains défavorisés sur Terre, il est à peu près impossible de collaborer aux vastes changements nécessaires, car ces personnes sont aux prises avec les défis plus fondamentaux de la survie personnelle — à court terme. Ils doivent même, bien souvent, adopter des comportements nuisibles aux autres ou à l’environnement, afin d’avoir accès à un minimum vital.

Les inégalités ont toujours été criantes sur notre planète. Les grandes organisations sociales depuis celle de l’agriculture jusqu’à l’industrialisation ont toujours bénéficié presque exclusivement à une infime minorité de dirigeants. En dehors des cercles du pouvoir, une autre petite tranche d’acteurs sociaux (travailleurs, professionnels ou retraités) profite aussi, plus ou moins grandement, de nos sociétés organisées. Je fais partie de ces personnes privilégiées.

Que si peu de gens puissent s’accaparer une aussi grande partie des ressources disponibles c’est bien sûr indécent, mais c’est d’autant plus problématique dans l’actuel contexte — inédit — de dévastation environnementale. 

Nous avons avantage à diminuer le plus possible les inégalités, la pauvreté et les exclusions (racisme, sexisme et autres), mais il s’agit là d’une tâche colossale qui ne peut évidemment pas être complétée du jour au lendemain.

Un long chemin vers la liberté. Murale de Franco Égalité, Montréal, 2020. (Photo – Olivier Bousquet)

Les implications extraordinaires

En examinant la situation des dernières décennies sur la planète, force est de constater que les progrès nécessaires sont largement insuffisants.

Alors, il faut saluer chaleureusement tous les gestes extraordinaires visant à diminuer drastiquement les problématiques dans le monde. Ils sont souhaitables, voire indispensables, pour obtenir les améliorations environnementales et humanitaires urgentes.

Certaines personnes semblent véritablement tout donner, afin d’aider au maximum à diminuer les inégalités ou les problématiques environnementales. Les noms de Nelson Mandela, mère Teresa ou Martin Luther King viennent spontanément à l’esprit. Il nous est difficile, voire impossible, d’imaginer donner ou risquer autant. Le caractère exceptionnel de leur audace et de leur engagement nous dépasse !

Autant les implications extraordinaires sont importantes pour faire avancer rapidement les changements nécessaires, autant elles semblent exigeantes lorsqu’elles sont portées sur les épaules d’une seule personne.

Dans sa chanson Comme Abraham, Félix Leclerc dit :

(…) Qu’il se lève celui qui a donné son habit pour vêtir plus
Malheureux que lui.

Personne n’a bougé
Les saints courent pas les rues
Quelque chose à essayer
Les risées sont prévues. (…)

Qu’il s’agisse de risées, de calomnies ou même parfois d’agressions, les personnes qui se retrouvent sous les projecteurs dans les médias n’y échappent pratiquement jamais. Les implications bienveillantes extraordinaires sont presque toujours ridiculisées par certains comme s’il s’agissait d’actions puériles. D’autres essaient de discréditer leur engagement en cherchant les contradictions avec d’autres actions de leur vie. Bref, les gens qui donnent autant reçoivent souvent beaucoup d’amour, mais pas mal de haine est aussi fréquemment déversée sur eux. Malheureusement.

Quelques exemples actuels

Greta Thunberg me semble représenter fort bien ce qu’est une implication surdimensionnée. Ses actions drastiques sont à la hauteur des défis climatiques de notre époque et cela détonne nettement avec les petits pas que les gouvernements, les grandes entreprises et chacun de nous avons tendance à adopter.

Murale Greta Thunberg. Jody Tobacco, Bristol, 2019.

Évidemment, lorsqu’elle a commencé sa croisade pour que nos actions soient enfin à la hauteur des défis actuels, elle n’avait que 15 ans et l’image était forte. Elle faisait grève scolaire, tous les vendredis, fin seule avec sa pancarte, imperturbable et très articulée.

Un vaste et rapide vent de sympathie s’est levé envers elle. Nous sommes des milliers de personnes, voire des millions, à avoir appuyé ses initiatives sur les réseaux sociaux ou en personne. On peut présumer qu’elle a aussi été victime de son lot de commentaires dénigrants. Chose certaine, le président des USA en 2019 s’est permis de dénigrer avec mépris ses actions audacieuses et judicieuses. Il s’agissait de Donald Trump, bien sûr, mais je crois qu’il n’était possiblement que la pointe d’un iceberg haineux qui se dresse régulièrement devant les grandes vagues d’amour.

Au Québec, à l’automne 2018 une autre action à la mesure des problématiques climatiques prenait forme. L’auteur et metteur en scène Dominic Champagne plaçait sa fructueuse carrière artistique sur pause, afin de s’investir à fond dans l’activation du Pacte pour la transition. Cette initiative visait à inciter les citoyens à réduire leur empreinte environnementale et presser les gouvernements à agir de façon ambitieuse contre les changements climatiques. Une volonté de sortir du cynisme et du désespoir que peut susciter le naufrage climatique annoncé par la science se profilait dans l’envergure de l’initiative signée d’entrée de jeu par près de 400 personnalités publiques et visant un million de signatures.

Cet autre flambeau soudainement allumé dans la grisaille de notre époque a ravivé en moi les couleurs de l’espoir. Malheureusement, un torrent de cynisme et de négativité s’est aussi abattu parallèlement à la vague d’optimisme et d’engagement populaire, ralentissant grandement l’effet de cette initiative exceptionnelle. Les critiques cherchaient les contradictions — pourtant inévitables — dans la vie des participants au mouvement et s’en servaient pour discréditer le projet. Au final, près de 300 000 personnes ont — tout de même — signé le pacte, mais les vents de négativité qui soufflaient sur la flamme ont largement diminué son déploiement.

Cessez-le-feu. Murale de Phil Adams, Montréal, 2016.

Je lève très haut mon chapeau à tous les Dominic et Greta qui osent s’engager aussi intensément, malgré les inévitables bafouements auxquels ils prêtent flanc !

Je salue aussi bien bas, des scientifiques comme Hubert Reeves ou David Suzuki qui s’investissent bien au-delà de leurs sphères d’activité régulières, afin de nous sensibiliser à l’urgence d’agir pour cesser le saccage de la nature. Ils continuent, contre vents et marées, de nous suggérer des changements pertinents et nécessaires. Ils sont des exemples ou des modèles très difficilement imitables, mais tellement inspirants ! 

Des centaines d’autres personnes à travers le monde ont des implications tout aussi extraordinaires ou des engagements surdimensionnés, à la hauteur des besoins actuels. Heureusement !

Je laisse les derniers mots à Félix Leclerc. C’est ainsi qu’il conclue sa chanson Comme Abraham :

Millions d’perdants, quelques gagnants et je vieillis
A droite la Terre, à gauche le Paradis
J’préfère la Terre, j’ai tort et je le dis
J’admire celui qui met le cap sur l’infini
J’envie celui qui met le cap sur l’infini
Quelqu’fois aussi, je m’embarquerais avec lui.

Lien vers l’écoute de la chanson Comme Abraham de Félix Leclerc (3m05) →

Les étoiles du béton 2. Monk.e, Montréal, 2012. (photo MU)

Lien vers la partie suivante: Épilogue: expiration d’un moineau privilégié →

Lien vers la partie précédente : Humanité : le rêve →

Lien vers le prologue

Lien vers les chroniques de La fin des milliardaires (Accueil)  →

Lien vers le manifeste poétique Le vaisseau dort 

 


2 commentaires à propos de “9. Environnement et solidarité : de l’appréciable et du souhaitable”

  1. Salut Benoit,

    Bon voilà, la dernière fois que j’ai commenté ton récit, j’étais plutôt découragé et cynique (je le suis encore un peu) face à l’état de la planète.

    J’aime beaucoup ton texte. Tu as raison, il ne faut pas lâcher. Comme on dit, tant qu’il y a de al vie il y a de l’espoir. Et chaque petit geste compte. Et peut-être que la multiplication de ces petits gestes nous conduira vers le point de bascule. Tes illustrations sont très belles.

    À bientôt mon ami!

  2. Merci pour ton commentaire Yvon. C’est bien apprécié…
    Je serai en ville, et peut-être au Café, en début de semaine prochaine…
    Au plaisir et à bientôt j’espère! 😎

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