35. Guignolée, fin de vie, surpopulation et congrès politique


Cette semaine, j’ai passé la guignolée pour l’organisme où je fais du bénévolat. À priori, je n’ai pas d’atomes crochus avec ce genre de collecte, mais… l’expérience a été enrichissante, même s’il s’agit tout de même d’une activité épuisante, un peu comme lorsque j’enseignais. Je m’efforçais d’être bien présent, ouvert à tout le monde et à la tâche que j’accomplissais : aller à la rencontre des flots de gens sortant du métro, leur sourire — sans attentes particulières — en déclamant sommairement et régulièrement le but de notre guignolée, persister et rafraîchir continuellement la présentation malgré le bien peu de participation…

Jeune femme faisant la charité. Léon Bonnat, 1863.

L’activité a été une belle occasion de fraterniser avec mon collègue de guignolée que je connaissais très peu. J’ai aussi constaté que ces collectes d’argent, en personne, semblent de plus en plus anachroniques étant donné qu’une forte proportion de personnes ne paie maintenant qu’avec des cartes et ne gardent pas d’argent sur eux. Cela a ravivé mon autre idée-projet concernant l’élargissement du concept de guignolée pour y inclure un genre de collecte d’engagement pour de nouveaux dons mensuels annuels. Une façon d’étendre au reste de l’année l’élan de générosité des Fêtes. Mon horaire chargé de cette fin d’automne verra sans doute ce projet reporté à une année ultérieure, au moins en partie… C’est aussi ça la vie, comme on dit !

Perspectives de fin de vie

Cet après-midi, ma blonde et moi allons rendre visite à des amis. Lui, il vient d’être admis dans un centre de soins palliatifs et elle l’accompagne pratiquement à temps plein. Vous vous souvenez peut-être, il y a quelques semaines, cet ami m’avait longuement parlé au téléphone suite à la stabilisation fructueuse des soins liés aux douleurs ressenties. Il avait alors bon espoir de pouvoir vivre la suite des choses avec sérénité, même s’il pouvait s’agir de la dernière période de sa vie. Il me semble que c’était hier. Pourtant, il a bien l’air d’y être déjà, dans cette dernière période. On ne sait jamais, mais… l’admission dans un centre de soins palliatifs comporte ses prémisses. On n’y soigne plus. On aménage la fin de vie la plus confortable possible : traitement de la douleur à la fine pointe des connaissances, services plus personnalisés et aménagement des lieux plus agréables pour le patient comme pour les proches.

Fin de journée ; coucher de soleil. Photo : Benoît Guérin, 2013.

Chez nous, l’assistance médicale pour mourir dans la dignité est en vigueur depuis peu. En fin de vie et atteint d’une maladie incurable entraînant de grandes douleurs, on peut obtenir l’assistance nécessaire à abréger nos souffrances. C’est un premier pas de légalisation de l’euthanasie. Je le salue largement comme une vaste majorité de mes concitoyens. Une grande partie de la population, dont je suis, estime aussi que l’on devrait étendre cette possibilité à toutes les maladies incurables très souffrantes (même avant la fin de vie probable) et aux diverses formes de démence, dont la maladie d’Alzheimer.

Tant mieux si nous avons accès à des soins palliatifs de qualité permettant de s’acheminer dignement vers une mort non provoquée, mais… que l’on accepte la décision de chacun, au moins dans cet ultime moment de vie, m’apparaît comme une heureuse manifestation de maturité sociale. Je dis maturité au sens où l’on n’infantilise pas les personnes en fin de vie en prétendant qu’elles ne peuvent pas choisir elles-mêmes ce qui leur convient. Maturité aussi dans le sens où l’on dépasse les craintes démesurées d’une utilisation malfaisante de l’euthanasie ; ces appréhensions me rappellent celles des enfants craignant ce qu’il pourrait y avoir, la nuit, dans le garde-robe. Et voyons donc que les gens malfaisants ont besoin des aménagements légaux de l’euthanasie pour mettre en œuvre leurs machinations immorales !

Surpopulation et vers rouges

Par ailleurs, dans un appel publié récemment, 15 000 scientifiques de 184 pays accentuent non seulement les avertissements concernant nos comportements qui dévastent l’environnement essentiel à notre survie, mais ils dénoncent aussi notre irresponsabilité concernant la croissance démographique mondiale rapide et continue. À un moment où l’on parle de la possible obligation de restreindre la reproduction humaine, il est paradoxal que l’on s’obstine à faire perdurer la vie de plusieurs même lorsqu’ils ne le désirent pas…

La limitation de reproduction me rappelle le comportement de mes petits vers rouges qui peuplent la boîte de vermicompostage chez moi. Ceux-ci cessent de se reproduire lorsque le volume de nourriture disponible ne permet plus l’expansion de leur population. Simplement. Et si l’on place un petit groupe d’entre eux dans une nouvelle boîte de compost, eh bien, ils accélèrent le rythme de reproduction, car ils peuvent alors se le permettre.

Comment notre supposée plus grande intelligence en tant qu’espèce peut-elle nous mener dans une reproduction potentiellement démesurée alors ? Ne sommes-nous pas censés être dotés de la capacité supérieure de réflexion ? Comment diable celle-ci peut-elle occasionner un comportement moins adapté ? J’ai parfois l’impression qu’on court à la traîne des autres espèces un peu comme le lièvre fanfaron de la fable, dépassé par la tortue, au bout de ses mille simagrées !…

Réflexion. Photo : Benoît Guérin, 2018.

Congrès d’établissement de la plateforme électorale

Cet après-midi, je vais faire un tour au congrès préparant la plateforme électorale du parti politique dont je suis membre. Demain matin, Dorothée m’accompagnera pour une dernière saucette exploratoire lors de ce congrès. Elle a hésité, car son travail est exigeant ces temps-ci. Il faut croire que le périple amical de courte durée jumelé à sa curiosité a fini par faire pencher la balance. Tant mieux pour nous ! 😊

Retour sur le congrès

La fin de semaine passée au congrès, l’expérience a été globalement semblable aux précédentes. J’ai apprécié l’organisation qui se déroulait rondement et cordialement, un beau mélange de rigueur et de souplesse. Depuis mes premières présences dans ces assemblées, je trouve toutefois un peu distants les contacts entre les participants. Je suis surpris de cette situation dans un regroupement de gens pour qui la solidarité est fondamentale… C’est cordial, mais pas très chaleureux. Je vais rester ouvert et curieux à ce propos… J’essaierai aussi d’ajouter un peu plus de chaleur dans l’accueil et la rencontre avec les autres, si j’en ai l’occasion…

Humeurs d’une élection. William Hogarth, 1754-55.

Par ailleurs, les priorités socio-écologiques sont toujours bien en place dans la plateforme électorale discutée et j’en suis très heureux. Au surplus, j’ai trouvé que la nouvelle équipe en place orchestre un leadership réaliste, mais sans compromissions. Dans mon journal ce matin, un chroniqueur chevronné dresse un portrait très semblable de la situation de ce parti et… cela me réjouit ! J’aimerais que cette formation politique, plus osée, puisse se hisser au pouvoir et détourner le courant dominant actuel, afin que l’eau fraîche puisse graduellement irriguer aussi les terres asséchées et les humains assoiffés de par le monde…

Plan d’eau. Photo : Dorothée S., 2014.

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5 commentaires à propos de “35. Guignolée, fin de vie, surpopulation et congrès politique”

  1. Je te reviendrai suite à ma rencontre de ce soir au sujet du silence. Pour le moment, j’aimerais te signaler une expérience d’accompagnement que j’ai vécue récemment avec mon ami Nicole. Après six semaines à la maison de fin de vie Pallia-vie de Saint-Jérôme, cette dernière a choisi la sédation prolongée et non pas l’aide médicale à mourir. Cela lui a permis de partir tranquillement deux jours plus tard alors que nous étions à son chevet comme elle l’avait souhaité. La même expérience a été vécu par notre ami commun Roger Tranchemontagne. La sédation prolongée me semble une alternative intéressante que je prendra en considération si l’occasion m’en est donnée. Au plaisir !

    • Salut François,
      Dans ma vie personnelle et aussi dans un bénévolat que j’ai fait il y a quelques années, j’ai côtoyé plusieurs personnes ayant terminé leur vie en sédation palliative prolongée. Cette sédation est aussi appelée profonde ou continue. En général, les personnes concernées décèdent entre 2 et 3 jours suivant le début de celles-ci. De l’avis des médecins, et généralement aussi du point de vue des gens qui sont présent, cela permet de quitter la vie sans douleur ou inconfort notoires.
      Je crois que cette sédation se rapproche beaucoup des soins de fin de vie disponibles depuis peu au pays. D’un point de vue médical, elle ne vise pas la mort, mais plutôt un apaisement de la douleur lorsque la mort est prévue à très court terme. Les soins de fin de vie vise la mort, mais sont habituellement demandés pour… abréger les souffrances!
      Je crois que les deux méthodes visent – au fond – la même chose: à soulager (et peut-être même à abréger) les souffrances en fin de vie. Pour la sédation, c’est presque uniquement le point de vue médical qui peut activer la procédure, tandis que pour les soins de fin de vie, les patients ont une marge de manœuvre (à l’intérieur du cadre légal) très grande.
      On serait peut-être aussi porté à dire que les soins de fin de vie, contrairement à la sédation palliative continue, peuvent parfois être choisi avant que les souffrances ne soient vraiment intolérable ou que la mort ne soit vraiment imminente (conditions pour la sédation), mais… qui sommes-nous pour prétendre mieux connaitre la réalité de souffrance d’une personne mourante qu’elle même?… Et… quoi qu’il en soit, il me semble que toute personne, atteinte d’une condition souffrante et incurable médicalement (ou victime de démence profonde), devrait au moins pouvoir quitter le monde dignement c’est-à-dire au moment qu’elle juge pertinent.
      Au plaisir mon ami! 🙂

  2. Bonsoir Benoit. Je te reviens suite à la rencontre sur le silence qui devait avoir lieu ce soir. Cette dernière a dû être remise, car la rencontre bilan qui devait se tenir de 17 h à 19 h s’est prolongée au-delà de l’heure prévue. C’est à suivre ! Au plaisir !

  3. Bonsoir Benoit. Je viens de lire ton commentaire sur la sédation prolongée et sur les oins de vie. Ils sont éclairants. Merci de me les avoir partagés.

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