24. André, Gabriel et l’infini


Aujourd’hui, c’est jour de transition après un séjour à l’extérieur. Trois grandes journées de retraite santé chez ma sœur : méditation, yoga, exercices physiques et étude du fonctionnement de l’esprit. Ces longues heures d’entrainement, souvent difficiles, ont fait leur œuvre, car de salutaires intuitions ont émergé, comme c’est si souvent le cas : des suivis à faire avec des gens de mon entourage, quelques ajustements de discipline de vie qui se précisent, de nouvelles avenues d’exploration qui se dessinent et même quelques nouvelles pistes de travail dans mon écriture, là où je sentais particulièrement le vague à l’âme, il n’y a pas si longtemps. Que je suis chanceux d’avoir rencontré ces moyens habiles pour m’aider à vivre de façon beaucoup plus satisfaisante ! 😊

En parlant de moyens habiles, certains enseignements en ligne m’amènent à vouloir approfondir un aspect dont il était question : l’altruisme. J’achèterai un livre de l’auteur des enseignements en question à mon retour en ville. J’ai déjà étudié et fait des pratiques de méditation reliées à ce sujet. Toutefois, l’enseignant suggérait de mettre beaucoup plus d’emphase sur ce comportement. Si toutes les pratiques généralement enseignées sont importantes, il y aurait dans celles liées à l’altruisme quelque chose de particulièrement pertinent pour susciter le plus de satisfaction dans nos relations avec les autres humains et avec la nature.

Parmi les enseignements qu’il me reste à visionner dans le programme de retraite en ligne acheté au printemps passé, une autre personne parle des koans issus de la tradition japonaise. J’ai déjà croisé quelques fois ces courts textes énigmatiques et souvent paradoxaux utilisés parfois en méditation et je les avais trouvé particulièrement… exotiques ! Tellement que je n’étais toujours pas certain de pouvoir même prononcer le mot correctement ! L’enseignement en question a au moins le mérite de régler cela  ! 😊 Quant à l’utilisation précise de ces petits textes, elle est bien enchâssée dans une tradition d’enseignement voisine de celle que j’utilise depuis plusieurs années. Et comme je ne veux pas trop m’éparpiller, je crois bien que je n’approfondirai pas les pratiques liées aux koans pour le moment.

Ce n’est pas l’inspiration qui manque en cette sortie de retraite !…

De la vie et de la mort

J’ai recommencé à faire certains suivis courriel plus fondamentaux : famille, amis, personnes aidées ou coachées, etc. Parmi ceux-ci, un suivi avec mon ami Gabriel est ressorti. Gabriel, c’est mon ami d’enfance. C’est mon seul ami d’aussi longue date. Mon ami André aurait probablement été aussi de ce nombre, s’il n’était pas décédé. Une tumeur au cerveau l’a emporté dans la fleur de l’âge. Nous étions à peine au carrefour entre l’adolescence, qui n’en finit plus, et l’âge adulte. Je me souviens encore du peu de conscience que j’ai eu de ces événements. Je me connaissais à peine et il en était de même de la plupart de mes amis d’alors, je crois bien… Nos relations étaient cordiales et même assez chaleureuses, mais les échanges étaient plutôt légers : sports, blagues en tous genres, loisirs, etc. Ce n’est pas que nous étions au-dessus de nos affaires ou à l’aise dans notre peau – l’avenir me l’a bien fait comprendre par la suite – mais c’est ainsi que nous interagissions à cette époque de nos vies. Évidemment, cet angle de relation est bien mince lorsqu’il s’agit d’accompagner la maladie grave ou même, la proximité de la mort.

Pas étonnant que j’aie toujours gardé André bien vivant, dans mon esprit. J’ai souvent fait un rêve où il vit toujours, un peu en marge, rescapé de sa tumeur au cerveau. Dans mon rêve, la plupart des autres personnes ignorent qu’il vit encore, mais moi je le visite régulièrement et il se porte plutôt bien. 😊 En tout cas, il survit bien au-delà du pronostic de maladie incurable ! C’est curieux comme ce rêve me semble presque aussi vrai que la réalité…

Cimetière en ville. Photo : Benoît Guérin, 2017.

La mort a refait surface dans ma vie en même temps que la méditation. La méditation ce n’est pas seulement être attentif, mais ce peut aussi être la contemplation d’éléments fondamentaux pour mener une vie satisfaisante. Parmi ces éléments qu’il est suggéré de contempler, afin de ne pas les oublier dans notre équation pour mieux vivre, il y a la mort. Vite fait, on pourrait croire que c’est morbide et pourtant on dit parfois que c’est une bonne idée de vivre comme si c’était la dernière journée de notre vie. Les gens près de la mort changent souvent, du tout au tout, leurs priorités de vie : moins de travail et plus de vie de famille ou d’amitié, par exemple. Alors, contempler – occasionnellement, mais régulièrement – la mort, son aspect inexorable, mais aussi l’imprévisibilité du moment où elle arrivera, ça me semble une idée plutôt… vivifiante ! Et il n’y a pas que la mort que l’on fuit ou ignore, il y a aussi le vieillissement inexorable du corps et de l’esprit de même que l’occurrence de maladies, plus ou moins graves. Loin d’être morbide, la contemplation de ces faits est une grande source de satisfaction issue d’une meilleure prise en compte de ces réalités : prévention, acceptation, etc.

Éloge d’un ami

Pour revenir à mon ami Gabriel, c’est un gars formidable et une vraie boule d’intensité. J’adore être avec lui ! Toutefois, je dois le consommer à petite dose, comme on pourrait dire. En fait, ça dépend de comment je me sens au moment de nos rencontres. On dirait parfois que je pourrais boire ses paroles à l’infini, tellement elles me nourrissent et me relancent avec plus de confiance dans la vie ! Mais, à d’autres moments, lorsque j’apprécie particulièrement une certaine quiétude, ses envolées flamboyantes me paraissent un peu trop intenses. Gabriel a tout de même une excellente capacité à détecter mes états d’âme et il ne s’amuse jamais à palabrer trop longuement lorsqu’il me sent un peu… largué. J’apprécie beaucoup cela d’ailleurs. Je suppose que toutes les grandes amitiés se nourrissent d’une telle attention à l’autre et d’un grand respect mutuel…

L’amitié. Pablo Picasso, 1908.

Bref, je vais le recontacter bientôt pour qu’on se fixe un moment de rencontre. Cela devra cependant attendre car ma blonde et moi partons dans quelques jours pour une semaine de vacances au bord d’un lac. Il s’agit d’un très grand lac, au nord de chez nous, avec de très longues et belles plages de sable fin. L’eau est en général assez chaude à ce temps de l’année et la baignade y est donc agréable. Nous louons un petit chalet à cet endroit pour la quatrième ou cinquième fois. L’emplacement est exceptionnel avec un très grand terrain de sous-bois sablonneux où les bleuets, bien mûrs à cette période, entourent quelques pruches et épinettes et, tout au fond du terrain, nous descendons simplement quelques marches avant d’atteindre la plage, la table de pique-nique et le lac. Pas facile ! 😊

Notre coin de paradis #1. Photo : Dorothée S., 2017.

Vacances au Lac

Nous sommes arrivés au Lac hier. L’endroit est toujours aussi magnifique : ciel bleu, eau bleue et montagnes bleues, au loin ! 😊 La température est pas mal plus fraîche que lors de nos séjours précédents et la baignade ne nous attire pas tellement pour le moment, mais la détente est déjà au rendez-vous ! La grande détente comme seule la nature peut procurer si instantanément, me semble-t-il.

Notre coin de paradis #2. Photo : Benoît Guérin, 2017.

Je coupe du bois, nous prenons de grandes marches, nous ramassons bleuets, framboises et baies d’amélanchier, nous lisons, j’écris un peu et nous achevons souvent les journées au bord d’un bon feu de camp. Toutes les activités semblent prendre place simplement, au rythme des vagues sur le lac…

Notre coin de paradis #3. Photo : Benoît Guérin, 2017.

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6 commentaires à propos de “24. André, Gabriel et l’infini”

  1. Au Lac St-Jean mon Pat. Plus particulièrement à la plage des Amicaux . Cet endroit appartient au Parc de la Pointe-Taillon qui n’est pas très loin de là et qui est aussi magnifique. Des petits paradis bien peu connus, n’est-ce pas?
    Ah! comme je suis chanceux! 🙂
    À bientôt mon ami! Peut-être un petit brunch à mon retour du Lac?!… …

  2. Bonsoir Benoît. Ton dernier article me rejoint beaucoup dans mes questionnements actuels au regard des personnes chères qui sont mortes ces dernières années. Pourquoi la maladie frappe-t-elle certaines personnes et pas d’autres ? Pourquoi certains êtres chers vivent-ils le passage de la mort de façon prématurée ? Une des réponses qui me vient consiste à constater que la vie est bien fragile. Il faut en profiter pleinement alors qu’on est encore en vie. C’est ce que je m’efforce de faire dans la visée des convictions qui m’habitent. C’est ce qui m’incite à faire du bien aux personnes qui croisent mon chemin. C’est ce qui m’amène, par exemple, à faire des visites d’amitié dans une résidence de personnes en perte d’autonomie en espérant leur amener un petit rayon de soleil hebdomadaire dans leur vie amoindrie. Au plaisir !

    • Salut François,
      Nous avons définitivement quelques bons atomes crochus! 🙂 Pour moi aussi, profiter pleinement de la vie c’est aussi me rendre le plus utile possible aux humains moins favorisés que moi (et à la nature aussi, bien sûr).
      Le monde est bien chanceux de t’avoir, mon cher! Ça déplace un peu plus la balance du côté de l’égalité des chances pour pour tous et je trouve cela génial! 🙂
      Au plaisir!

  3. Je ne sais pas comment tu t’y prends Benoît mais à chaque fois que je reçois tes alertes de « La fin des milliardaires » je lis le sujet du chapitre, puis le début en me disant que j’y reviendrais plus tard parce que je suis déjà en train de lire autre chose et puis sais-tu quoi, je file jusqu’à la fin parce que tu touches toujours à une corde sensible, je devrais dire à des cordes sensibles parce que j’en ai plusieurs…et que ta façon d’aborder les choses me fait du bien en quelque sorte. Oui ce doit être pour ça que je ne te lâche pas et que je te lis du début à la fin tout d’une traite. Merci Benoit.

    • Salut Francine,
      Moi non plus je ne sais pas trop comment tu t’y prends, mais… tes mots me font tellement de bien! 🙂
      Je suis bien chanceux d’être en relation avec toi Francine et j’ai bien hâte qu’on se retrouve en personne pour échanger un peu plus!… 🙂
      À+

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