17. Humanité solidaire et écologique : une saucette politique


Hier soir, Dorothée et moi sommes allés à une première assemblée politique. Une assemblée de comté du parti politique auquel nous adhérons le plus, et dont nous sommes d’ailleurs membres depuis quelques années. Il s’agit du même parti dont j’avais vanté à Réal l’orientation nettement écologique et solidaire la semaine dernière.

Nous avons assisté à la moitié de la rencontre et sommes partis à la pause, vers 20h30. Selon l’ordre du jour, on pouvait s’attendre à ce que la réunion ne prenne pas fin… avant 22h30. Pour moi, c’était déjà beaucoup trop tard pour avoir les idées claires et pour Dorothée, qui était sortie du travail à la course pour venir, c’était encore plus impensable.

La réunion concernait un des éléments qui seront débattus et finalisés lors du congrès à venir dans deux semaines et auquel j’assisterai. Il s’agissait principalement d’évaluer et de commenter diverses propositions d’alliances avec d’autres partis, afin d’arrêter le plus vite possible la marche de la gouvernance néolibérale au pouvoir chez nous – comme un peu partout dans le monde !

Une réunion difficile à suivre 

Les documents présentant les propositions sur lesquelles nous avions à nous prononcer étaient difficiles à comprendre. Dorothée et moi avons eu l’impression de patauger pendant quelques heures, dans une salle exiguë, entre des procédures encombrantes et une enfilade d’idées débattues difficile à suivre. Bon, c’était notre première visite, mais… nous avons tous deux étudié à l’université et travaillé dans des milieux abonnés aux multiples réunions, alors avoir eu tant de difficultés à suivre, c’est un peu fou !

Le Serment du Jeu de paume (étude), Jacques-Louis David, 1791.

Dorothée et moi avions aussi une impression commune que les formulations des propositions étaient beaucoup trop détaillées pour être débattues en si peu de temps, en tout cas, pas suffisamment synthétisées pour que l’on s’y retrouve. Comme si l’on perdait régulièrement le contexte des diverses propositions sur lesquelles on devait se prononcer, aboutissant à un sentiment d’approximation dérangeant. Bon, le diable est dans les détails et, conséquemment, il ne faut pas les ignorer, mais à patauger laborieusement d’un à l’autre, on a diablement l’impression de ne plus savoir où on en est !

Ces petits irritants ont eu pour effet de repousser Dorothée, qui en a déjà bien assez avec son travail sans envisager de se joindre à d’autres situations qui exigeraient de mettre l’épaule à la roue pour contribuer à rendre les réunions plus limpides ; on ne remet pas non plus tout en question dans une maison où l’on vient juste d’aménager… Pour résumer sa pensée, Dorothée a conclu : « Je vais continuer à être membre et à soutenir ce parti auquel je crois, mais pas question de m’y investir plus amplement pour tout de suite ! »

Malgré tout, je poursuivrai mon incursion dans ce terrain politique

À partir d’un constat très semblable à celui fait par Dorothée, j’ai plutôt pris acte de la situation, avec un peu de déception peut-être, mais sans optique de désengagement de ma démarche d’appropriation des rouages de ce parti, qui me semble encore le meilleur véhicule, sinon le seul disponible, pour espérer bâtir de nouvelles avenues plus solidaires et écologiques dans ma société. En tout cas, pour le moment.

Comme mentionné à Dorothée, j’essaierai d’apporter ma contribution comme je peux, si j’en ai l’occasion ; de toute façon, je suis surtout en mode exploratoire dans ce milieu politique. Évidemment, ma situation depuis la retraite de l’enseignement y est pour beaucoup : c’est passablement plus facile de dégager du temps lorsqu’on est libéré des contraintes souvent imposantes liées au travail rémunéré.

Cette saucette politique m’a tout de même donné un avant-goût de ce que pourrait être le travail à accomplir, dans le projet de Béatrice, pour mettre en place une humanité solidaire et écologique à l’échelle de la planète ! Cela renforce mon désir de m’impliquer dans une démarche politique, afin d’explorer des façons de faire qui pourraient être plus efficaces, plus accessibles et peut-être même plus agréables. J’ai de plus en plus de difficulté à détourner mon regard du fond du terrier du lapin… 😊 Les images d’un chantier où l’on s’unifie comme humanité ont beau n’être, pour le moment, que projetées par mon imagination, elles me séduisent de plus en plus !

Hors du terrier. Photo : Benoît Guérin, 2018.

Dorothée et moi avons marché dans le quartier sur le chemin du retour. Nous apprécions beaucoup les promenades dans notre ville, préférablement sur les petites rues moins achalandées. Chaque saison a son charme : l’opulente texture de l’été, habillés légèrement… l’automne avec ses couleurs, sa fraîcheur et sa luminosité vivifiante… l’hiver où le froid saisit et la neige blanche invite au silence… et le printemps, bien sûr, où l’éclosion de la nature enchante, et ce dans un foisonnement de fleurs qui semblent inviter tout autant les insectes que les petits rongeurs, les oiseaux et nous, les humains !… 😊

Ci-dessous : Autour de la maison. Photos: Benoît Guérin, printemps 2018.

L’autre versant de la nature

En avançant un peu plus sur le chemin du retour, nous croisons soudainement les restes d’une bouffe de restauration rapide inachevée et jetée à la rue, pêle-mêle : emballages, viande, ketchup, pain et moutarde. Comme les restants d’une bataille. Et un caca de chien, tout près de là, déjà déposé dans un petit sac plastique, mais abandonné près d’un arbre. Balafre de civilisation, éclopée. Comment pouvons-nous, mammifères supposément en haut de la pyramide de l’évolution, transformer ainsi ce coin de monde fleuri en poubelle à ciel ouvert ? ☹ Et tous ces bouts de cigarettes comme autant de cailloux dans nos souliers. Est-ce qu’on ne pourrait pas au moins les délester de leur filtre, si difficilement biodégradable, avant de les lancer dans les platebandes sur le bord des rues ?…

Mes idées s’enchainent dans la foulée de ces évocations d’insouciance de l’environnement ou d’irrespect des autres. Je me souviens alors de toutes ces fois où je vais dans les toilettes publiques d’endroits – où il n’y a pas d’enfants – et je découvre avec un ahurissement sans cesse renouvelé qu’un homme – un adulte (!) – a uriné sur le couvercle de la toilette et il n’a rien nettoyé. C’est comme si mon enfance remontait à chaque fois… Bien sûr, il y a des règles de bienséance très relatives, mais de laisser l’endroit où l’on passe dans un état où on aimerait le retrouver me semble très loin d’un caprice ! C’est stupéfiant que l’on puisse ne pas réaliser en vieillissant, que de tels comportements aménagent un monde souvent désagréable, et ce même pour nous…

Évidemment, il y a la jeunesse qui est souvent trop insouciante, mais les propriétaires d’animaux et les consommateurs de restaurants se situent, la plupart du temps, bien au-delà de l’adolescence !

Ah ! Comme il est rare de vieillir en sagesse. Comme il semble difficile de donner naissance à cette maturité généreuse et compatissante qui a su conserver les couleurs et la spontanéité de l’enfance…

Un petit oiseau virevolte près de nous… J’aperçois les fleurs de l’amélanchier derrière lui et toute la nature, autour, qui réapparait tranquillement pour remettre judicieusement en perspective les détritus aperçus auparavant. Notre bêtise, bien sûr trop répandue encore, est tout de même sise dans le ventre tellement généreux de notre mère, la Terre ! 😊

Mère nature. Photo : Benoît Guérin, 2018.

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2 commentaires à propos de “17. Humanité solidaire et écologique : une saucette politique”

  1. Bonjour Benoît. Je perçois moi-aussi trop souvent les constats que tu signales dans la dernière partie de ton chapitre. Notre mère Terre est généreuse et les humains sont souvent négligents à son endroit. Une éducation a été, est et sera toujours requise pour nous sensibiliser aux enjeux d’une humanité solidaire et écologique. Conserve ton enthousiasme et tes convictions au regard du respect de l’environnement que tu contribues à développer. Au plaisir !

    • Merci du commentaire encourageant, François. Je l’apprécie!…
      J’espère que tu gardes aussi le cap sur toutes tes activités de solidarité et d’entraide, car il s’agit d’une source d’inspiration et de stimulation pour moi! 🙂
      Au plaisir!

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