2. Les rapprochements incertains


Déjà plus de deux années que nous vivons avec la pandémie de COVID-19.

Une éternité, il me semble…

Une autre vie, plus exactement. Une vie dans laquelle je prenais régulièrement plusieurs de mes proches dans mes bras : grand câlin à ma mère, étreinte ou hug bien sentis aux ami.e.s et accolades occasionnelles. Mes embrassades étaient souvent accompagnées de petits baisers ; oh ! suprême signe d’un autre temps !

Le Baiser. Gustav Klimt, 1907-1908.

Avec la pandémie et les directives sanitaires, juste de côtoyer nos proches — sans même nous toucher — c’est devenu quelque chose de rare. Entre deux vagues de restrictions sanitaires ou de confinement, quelques rencontres limitées étaient permises, mais sans contacts physiques.

Je suis tout de même parmi les plus chanceux, car je vis avec ma blonde. Cette relation n’a jamais été compromise par les restrictions imposées au fil de la pandémie. Heureusement. Très, heureusement !

L’aridité des premiers confinements, en particulier, devait être très affligeante pour un grand nombre de personnes vivant seules. Impossible de toucher et souvent même de côtoyer des personnes qui n’étaient pas au préalable dans notre bulle domiciliaire. Vivre seul, quand on peut aller vers les autres, c’est un choix relationnel qui peut s’avérer très nourrissant et agréable. Mais être confiné à solitude, c’est clairement autre chose !

À la porte de l’éternité. Vincent Van Gogh, 1890.

Que l’on vive seul ou avec d’autres toutefois, les défis ont été multiples pendant la pandémie, pour une grande partie de la population : pertes d’emploi et même d’accès à certaines professions ; télétravail et école à la maison dans des contextes variant de l’isolement physique aux logements surchargés ; enfermement des ainés en résidences et en CHSLD, en particulier pendant la première vague du virus ; etc.

Pour ma part, je n’ai pas perdu mon emploi, mais mes activités quotidiennes ont tout de même été passablement affectées. Avant la COVID-19, j’écrivais dans les cafés et j’y rencontrais régulièrement des personnes inspirantes. Du printemps à l’automne, je faisais régulièrement le trajet à vélo et j’appréciais beaucoup ces longues balades en plein air. Mais voilà que les cafés ont été fermés pendant de longues périodes ces dernières années. Si j’ajoute à ce contexte, les nombreuses restrictions aux rencontres avec les autres, qui ont souvent été réduites aux possibilités virtuelles, je suis devenu — comme la plupart d’entre nous peut-être — pas mal plus casanier qu’avant !

Ermite lisant. Rembrandt, 1630-31.

Les différentes situations avant la pandémie

Avant l’arrivée des confinements, certaines personnes avaient déjà des habitudes de vie assez proches des restrictions sanitaires : peu de contacts avec les autres, une aversion des câlins ou une incompatibilité avec les embrassades. Évidemment, plus les restrictions sanitaires se rapprochent de nos préférences relationnelles et moins leur imposition constitue un sacrifice pour nous.

Quelques années avant l’apparition de la COVID-19, l’utilisation des désinfectants pour les mains avant les activités quotidiennes a été largement débattue dans l’espace public. Certains estimaient qu’il fallait se protéger plus, afin de ne pas attraper les microbes, virus ou bactéries laissés dans l’environnement. D’autres disaient plutôt que le contact avec ces sources potentielles d’infection était souhaitable, afin de garder un système immunitaire actif et performant. Plusieurs personnes se promenaient avec de petites bouteilles de désinfectant pour les mains dans leur sac. Elles s’aspergeaient les mains avant les repas au restaurant ou, plus généralement, avant de toucher les objets dans les lieux publics.

Publicité de désinfectant, 1910.

Avant même que ce coronavirus ne fasse son apparition, les différences de points de vue et les préférences d’interactions étaient donc très variées.

Se toucher de nouveau

Après deux longues années de pandémie, il est maintenant question d’apprendre à vivre avec le virus. Les restrictions deviennent plus personnelles et moins imposées par les autorités sanitaires ou politiques. Deux ans de pandémie obligent !

Les positions sont souvent très différentes d’un individu à l’autre. Par exemple, il semble que pratiquement autant de gens sont craintifs d’ôter les masques dans les salles de spectacles qu’il y en a qui ne sont plus capables de les tolérer.

Après tous ces mois à hiberner chacun dans nos cavernes personnelles, certains ne veulent plus en sortir, alors que d’autres se meurent de s’en extirper à tout prix ! Nous sommes nombreux à être déboussolés et il n’est pas étonnant que certains envisagent d’aller au sud, alors que d’autres visent plutôt le nord. Bien malin qui pourrait certifier de la meilleure direction à suivre.

L’allégorie de la caverne de Platon. Wikimedia Commons, 2018.

Quoi qu’il en soit, chacun finira par suivre son idée…

Moi, j’ai recommencé à prendre ma mère dans mes bras, il y a plusieurs mois. Nous sommes tous deux adéquatement vaccinés et le noble âge de ma mère est, pour elle comme pour moi, l’indication suprême des gestes à poser. La qualité de la vie me semble largement plus importante que la quantité, et ce en particulier lorsque l’on a déjà bénéficié d’une bonne portion de vie.

Câlin. Elisabeth-Louise Vigée Le Brun, 1789.

J’ai aussi recommencé à serrer des mains amicales et même à échanger quelques hugs bien sentis.

Je vis souvent ces rapprochements comme s’il s’agissait d’une oasis après une grande marche dans le désert. Ça fait du bien. Tellement de bien !

Je ne prends pas de risques inutiles, mais je n’attends pas non plus une situation sans aucun risque. Je crois que la vie doit plus être célébrée que préservée. Chose certaine, en fin de compte, la préservation n’est pas la finalité…

L’arbre de vie. Gustav Klimt, 1909.

Célébrer la vie autant que possible, car il n’y a pas de certitude quant à l’avenir : les nouveaux virus qui peuvent surgir, les bouleversements climatiques, les cancers qui rôdent, les carnages militaires qui se succèdent ou la menace nucléaire qui est revenue récemment dans l’actualité.

J’adore les arbres, les fleurs et les oiseaux, mais je veux aussi être le plus près possible des humains. Nous sommes souvent plus imprévisibles et instables que les autres êtres vivants, mais… j’en suis ! 😊

La vie colorée. Vassily Kandinsky, 1907.

À venir dans la prochaine publication :

Le défi : faire avec

  • Les difficultés et le bien-être
  • Relever le défi
  • Les épreuves et la joie

Lien vers le prologue  →

Lien vers la prochaine chronique – Le défi : faire avec  →

Lien vers les chroniques de La fin des milliardaires (Accueil)  →

Lien vers le manifeste poétique Le vaisseau dort 


4 commentaires à propos de “2. Les rapprochements incertains”

  1. Je m’ennuie de toi Ben. Covid fait en sorte que nous n’avons pas trouvé un temps pour se revoir. Je crois que nous devrons trouver un moment pour se retrouver.

  2. Allô Elsa!
    Je pense aussi que c’est une bonne idée de trouver un temps pour nous retrouver.
    J’ai hâte d’avoir de tes nouvelles, alors on se contacte et on se planifie quelque chose…
    xoooox

  3. Bon matin Benoit,
    C’est toujours un plaisir pour moi de te lire. N’arrête pas d’écrire, tu as tellement un beau talent.
    Gros câlin 😃

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