7. Âge d’or et fleur de l’âge


Une période de prospérité et de bonheur. Quelle belle définition de l’âge d’or ! Je viens tout juste de la dénicher sur internet. Évidemment, l’âge d’or peut aussi signifier la vieillesse ou les personnes âgées, mais je reviens à ma première découverte. Cette période de prospérité et de bonheur me semble nettement mieux correspondre à ce dont je veux vous parler.

Ce matin, la page couverture de mon journal présentait le dernier film en préparation d’un réalisateur bien de chez nous que j’aime beaucoup. Bien au-delà des modes ou des tendances. Un cinéma que le réalisateur définit comme étant celui de la contemplation ou de ce qui se passe à l’intérieur des gens. Ses films ont déjà eu la faveur populaire, mais ils semblent trop lents pour plusieurs, à notre époque de grande vitesse. Je crois bien que j’ai vu tous ses films, et ce avec beaucoup de bonheur! Il demeure sur ma rue, juste en face de chez nous, un peu de biais. Je le croise régulièrement et trouve sa présence tout aussi agréable que ses films. Un homme bien en contact avec la beauté tout autant que la bêtise de notre époque, me semble-t-il.

Je referme mon journal. Je lève les yeux sur l’espace ouvert de mon café-bureau. Plusieurs clients s’affairent à leurs occupations, chacun dans l’espace qui lui est propre. Il est 10h30 et la journée est grise. La neige est largement ramassée dans les rues, mais elle persiste amplement sur les terrains malgré l’équinoxe du printemps qui approche.

Jour de mars. Photo : Benoît Guérin, 2018.

Un souvenir de la fin de semaine passée émerge : c’est soir de fête chez ma sœur. Son fils a 21 ans. Je discute avec lui à l’une des extrémités de la grande table de salle à manger. Le souper est terminé. Les festivités tirent à leur fin. Ma filleule, son chum et leurs quatre petites filles ont déjà quitté les lieux, car ils avaient une longue route à faire.

Le filon d’or de la jeunesse

Une discussion a pris graduellement place autour de sujets environnementaux et humanitaires : travailleurs exploités dans les usines de vêtements à l’autre bout du monde, animaux maltraités, îles de plastique dans l’océan et autres saccages de la nature. Mes neveux et leurs blondes discutent avec indignation de toutes ces infamies commises sans cesse sur notre planète. Ils sont très renseignés et pourtant aucun d’entre eux ne travaille dans un domaine environnemental ou humanitaire. Outre l’école, probablement ont-ils été sensibilisés via leurs médias sociaux et ils ont dû fouiller aussi pour approfondir ces sujets. Ils ont la fougue généralement attribuée à la jeunesse et, contrairement aux préjugés souvent véhiculés, ils ne sont pas tournés uniquement vers eux-mêmes ou vers un soi-disant bonheur égocentrique. À l’évocation du souvenir de notre discussion, je me détends. L’avenir est peut-être plus prometteur qu’il en a parfois l’air !…

Jeunesse et filon d’or. Photo : Benoît Guérin, 2017. Tableau : Gustav Adolf Mossa (1883-1971).

Méditation et religions

Lors de cette même discussion, un autre sujet est abordé : la spiritualité et plus particulièrement, la méditation. Malgré la crainte assez généralisée vis-à-vis des religions moins connues, les jeunes à ma table ne donnent pas dans une généralisation indue et ils ont l’esprit bien ouvert. Encore une fois, je les trouve bien renseignés sur les différences entre religions et les diverses façons de pratiquer une même religion. Sachant que je pratique la méditation depuis assez longtemps et que j’apprécie beaucoup ses bienfaits, ils sont curieux et manifestent même un désir d’essayer ces pratiques. Craignent-ils les grandes religions qui ont développé et qui transmettent de vastes connaissances à ce propos ? Non. L’apprentissage de la méditation en dehors de ces religions est encore embryonnaire et nécessite souvent une forte autonomie. Tout comme pour l’entrainement physique, l’adhésion à un groupe est souvent la pierre angulaire de l’implication et de la persévérance. Il est aisé d’accéder aux pratiques de méditation dans de nombreux centres liés à une grande religion, mais complètement ouverts et accessibles aux gens d’autres croyances ou sans foi religieuse.

Bien sûr, les effets bénéfiques de la méditation sur la santé en général et pour diminuer le stress, en particulier, sont de plus en plus connus et documentés. Des universités ont même implanté des cours obligatoires où non seulement on apprend les théories reliées à la méditation, mais on la pratique aussi. Malgré tout, une large part de l’Occident affuble encore la méditation d’images beaucoup plus reliées à des rites exotiques qu’à de saines habitudes de vie. Que mes neveux et leurs blondes soient si ouverts, renseignés et intéressés à ces pratiques me réjouit et me donne confiance dans les possibilités de changer notre monde. D’ailleurs, mes élèves aussi étaient majoritairement intéressés par ces pratiques de l’attention (méditation, cohérence cardiaque, etc.) lorsque je les présentais brièvement.

Il faudra que je discute avec Béatrice de ce filon d’or que constituent l’énergie et l’ouverture de la jeunesse pour l’émission qu’elle met en place. Tous ces jeunes seront essentiels pour bâtir le monde solidaire et écologique dont l’émission de Béatrice souhaite favoriser le développement progressif. Ils ne sont pas encore encroutés dans des façons de vivre qui ont souvent servi à creuser profondément le nid des plus vieux. Pas toujours, bien sûr : l’expérience des plus âgés est un atout chez ceux qui ont gardé l’esprit ouvert et le muscle du changement bien souple ! Néanmoins, dans la bande des collaborateurs réguliers de son émission, les plus jeunes devraient avoir une place de choix !…   

Alice au pays des merveilles. Illustration : John Tenniel.

En complément : Les jeunes en marche pour le climat (13:00)   et    Vendredi 15 mars 2019 à Montréal : Reconquérons notre avenir (3:00)

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6 commentaires à propos de “7. Âge d’or et fleur de l’âge”

  1. Âge d’or, la Fleur de l’Âge…….
    Réflexion intéressante et sensée…… Je suis dans la fleur 🌹 de l’âge et j’adore ceux qui sont dans la fleur de la jeunesse ……. J’ai foi envers les jeunes……. Ils étaient dans la rue cet après-midi!!! Des élèves et des étudiants …….. Je suis allé les voir…… Ils sont décidés…… Ils veulent un avenir et connaître la fleur de l’âge…….,, ce que je leur souhaite !!!!🌈🌈🌈

    • Aujourd’hui, c’était effectivement une belle grande manifestation de la jeunesse à l’échelle de la planète, mon cher Pierre! 🙂

      J’espère que ce beau mouvement de prise en charge de l’avenir réunira les humains de tous âges et s’amplifiera dans les mois et les années à venir…

      Je nous souhaite le bonheur de prendre enfin soin de la nature à la hauteur de ce qu’elle nous apporte sans cesse, et ce en toute solidarité avec les moins favorisés d’entre nous… …

  2. Tu perçois les jeunes comme ouverts aux sujets environnementaux et humanitaires. Les manifestations récentes en faveur de l’environnement en témoignent de façon significative.
    Tu parles de la méditation que tu pratiques aux jeunes que tu côtoies. Tu évoques ses bienfaits tant au plan physique que spirituel. Les jeunes que je côtoies dans le projet Fougère anticafé de Saint-Jérôme sont aussi ouverts aux richesses de la méditation. Saurons-nous être de bons témoins intergénérationnels de nos pratiques méditatives ? Je l’espère. Au plaisir de dîner ensemble.

    • Je suis bien content qu’on dîne ensemble cette semaine, François. Ça nous permettra sûrement d’approfondir un peu les échanges amorcés ici. En particulier, tu pourras peut-être me préciser un peu ce que tu entends par cette question que tu poses dans ton commentaire : « Saurons-nous être de bons témoins intergénérationnels de nos pratiques méditatives ? »… …
      À bientôt

  3. Plusieurs expériences très concluantes de pratique régulière de la méditation ont été poursuivies aussi en milieu carcéral en Amérique du Nord et du sud. À défaut de séance de méditation (ou en supplément, :-)) la relation avec la nature permet aussi une forme de retour au calme. Les bains de forêt (Shirin Yoku japonais) sont à la mode de part la planète. En regard des désirs exprimés par les familles, nos projets de futures bibliothèques publiques, à Montréal et ailleurs, prévoient des salles de retour au calme (voir même des salles « blanches » de privation sensorielle) et des espaces et activités de reconnexion avec la nature. Les garderies et écoles avant-gardistes organisent jeux et enseignements dans les friches urbaines et les bois encore disponibles… Ce qui me préoccupe avec la jeune génération c’est la qualité de sa relation avec la nature, et du coup la capacité à la comprendre, la respecter et s’y attacher comme tu t’attaches à tes bébés séquoias. De plus en plus d’enfants dans le monde sont des urbains et même si nos villes sont loins d’être sans vie (voir par ex https://floraurbana.blogspot.com/ ), la diversité d’espèces est, on le sait, en dégringolade. Leur exposition à cette « nature » sera sans doute bien moindre que celle de leurs parents… Mais peut-être que c’est la nature même de cette relation au vivant qu’ils réussiront collectivement à changer, au final, et pour le mieux pour une relation plus consciente et équilibrée. Je le souhaite. Lu dernièrement : « Nous voulons partir à la conquête de nouvelles planètes mais nous ne connaissons même pas le nom et les besoins des bactéries qui composent notre flore intestinale ».

    • Merci pour ce commentaire empreint de réalisme et d’optimisme, Pascale.
      Merci aussi pour ce lien vers le charmant blogue de Flora Urbana qui est un très bel exemple de convivialité autour de la nature de nos milieux de vie! 😊
      Au plaisir!

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