Épilogue

L’an passé, à peu près au même moment où j’ai rencontré Béatrice, j’ai fait une longue retraite de méditation au chalet d’un ami. Pendant de telles retraites, j’interromps mes contacts avec les autres. Au beau milieu de cette retraite-là toutefois, ma réserve d’eau potable s’est avérée insuffisante et je suis allé au village pour m’en procurer. À mon retour en automobile, j’ai vécu un événement qui m’a particulièrement marqué ; la méditation a souvent pour effet d’ouvrir le cœur, dans un mélange de saveurs tristes-heureuses qui embrassent largement le spectre des émotions.

Au chalet. Photo : Benoît Guérin, 2017.

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42. Humanité solidaire, écologique et unifiée : grandes avenues

Béatrice et Gabriel sont allés chercher un deuxième café et reviennent du comptoir en discutant allègrement. Je suis bien content que le courant semble bien passer entre ces deux-là. Je n’étais vraiment pas certain avant la rencontre…

Scène de Café à Paris. Henri Gervex, 1877.

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41. Richesse : déboulonner quelques mythes

Gabriel fait son entrée au café pratiquement à l’heure précise de notre rendez-vous. Béatrice et moi sommes en plein intermède de conversation, contemplatifs. Le soleil brille et illumine de façon éclatante le paysage enneigé sur la rue et dans les allées à l’intérieur du café. Gabriel se faufile entre les rayons de soleil et aboutit près de notre table. Je m’empresse de me lever : « Gabriel, je te présente Béatrice, et vice versa, bien sûr ! 😊 »

Éclat du jour. Photo : Benoît Guérin, 2018.

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40. Tueries, tolérance et arts

En fin d’après-midi, j’ai rendez-vous avec Béatrice. Il y a bien longtemps qu’on ne s’est vu ! C’est toujours agréable d’échanger avec elle concernant La fin des milliardaires et je me souviens encore de propos très inspirants qui ont émergé de nos dernières discussions.

Ce matin, j’ai croisé Réal près de chez nous et nous avons jasé un peu, dans la froideur ensoleillée du petit matin. La retraite du travail lui va toujours aussi bien ! Il m’a parlé de sa collaboration au projet de Béatrice où il s’occupe des aspects logistiques de la planification. Le langage spécialisé utilisé pour m’expliquer son implication m’a fait réaliser à quel point il s’agit d’un milieu et de médiums de communication que je ne connais pas. Le sujet et la mission de cette émission multiplateforme ont beau me tenir à cœur et m’être familiers, le véhicule qu’ils empruntent m’est pour ainsi dire étranger.

Georges Méliès dans son studio de production à Montreuil, 1900.

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39. Organismes communautaires et posture mondiale

Hier, je dînais avec mon amie Manon, dans le patelin où j’enseignais précédemment. Manon travaille dans le domaine communautaire. Je l’ai connue en collaborant à diverses activités pour mes élèves d’alors. À ce moment-là, je donnais un cours nommé Préparation au marché de travail et elle travaillait dans un organisme d’aide à l’emploi pour les jeunes. La connivence a été instantanée et elle est toujours bien vivante ! 😊

La vie dans les organismes communautaires

Aujourd’hui, Manon dirige un organisme venant en aide aux familles dans le besoin : répit, échanges, entraide, etc. Comme de nombreux intervenants du milieu communautaire, elle travaille avec beaucoup de cœur ! Elle aime venir en aide aux autres et elle prend soin, le plus possible, des employés de l’organisme, dont elle se sent souvent très proche. En général, les salaires du domaine communautaire sont à la limite de la décence et ils sont très en deçà de ceux du gouvernement ou du secteur privé. Ces emplois communautaires sont aussi très souvent précaires, à la merci des subventions qui varient beaucoup, mais le climat et l’organisation du travail sont, fréquemment, beaucoup plus agréables dans ces milieux.

Jour de Noël à la cantine du YMCA de London Bridge. Clare Atwook, 1920.

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38. Engagement socio-environnemental : réseautage et conciliation

Hier soir, Dorothée et moi avons participé à un groupe de discussion intitulé L’engagement social c’est maintenant ! Dorothée s’est jointe à moi à la dernière minute. Je ne l’avais pas invitée formellement, car il me semblait qu’une telle rencontre, après une grande journée de travail, ne l’attirerait pas particulièrement. J’avais tort, car hier après-midi c’est elle qui m’a manifesté son désir d’y participer. Quelle agréable surprise ! 😊

Murale – Nelson Mandela. Photo Ben Kerckx, Belgique.

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37. Passage boréal : décès, dérape et constellation en poudrerie fine

Mon ami qui était en maison de soins palliatifs est décédé. Sa compagne a écrit un bref courriel destiné à leurs nombreux proches et amis. Elle doit être bien seule, en ce moment… …

Dehors, la température est plutôt douce, mais un froid soutenu s’est installé en moi. La saison qui succède à la vie est bien aussi imposante que l’hiver ! Assis dans notre salon, mon latté bien chaud accompagne la froidure stoïque qui m’habite bien plus qu’il ne la réchauffe…

J’arrive au bout de l’année et je me sens comme sur un plateau, en haut d’une montagne enneigée. Mon ami est tout juste décédé et le vent balaie l’horizon en un paysage figé, au-delà des aiguilles du temps. Est-il seulement disparu ou… réapparu quelque part ? Et s’il existe toujours, au-delà de la mort de son corps, est-il autour ou ailleurs ? Et surtout, trouve-t-il la paix dans un tel changement de contexte ?… Et qu’en est-il pour sa conjointe — de très longue date —, encore ici et, pourtant, probablement beaucoup ailleurs ?…

Mystère et stupeur distillent subtilement la tristesse et l’amour, dans ce contexte — saisissant. Depuis hier soir, je suis souvent bouche bée, comme interpellé entièrement par la vie ou… par la mort…

Mystère et stupeur. Photo : Benoît Guérin, 2017.

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36. L’intimidation, le temps des Fêtes, l’amour et le relâchement

Ce matin, j’étais au centre de prélèvements pour une prise de sang. L’infirmière était souriante et assurée et nous avons brièvement échangé autour des ressemblances entre son métier et celui que j’exerçais comme enseignant. Elle se souvenait avoir déjà discuté avec moi de nos professions respectives, en particulier que nous avions tous deux exercé d’autres métiers avant de travailler en santé ou en éducation et que cela nous avait menés à apprécier grandement nos conditions de travail, malgré les difficultés notoires. Ce fut un moment de complicité impromptu et fort agréable ! 😊

En sortant de la clinique, un souvenir s’est démarqué clairement dans ma mémoire d’enseignant, lié aussi à mes préoccupations d’être humain : le fléau de l’intimidation. Si j’avais à fixer une seule priorité pour améliorer le système d’éducation, ce serait la lutte à l’intimidation. Et je n’irais pas timidement avec ce problème, convaincu que viser à éliminer l’intimidation c’est aussi contribuer à bâtir un monde solidaire. Dans la foulée, je suggérerais aussi une seconde priorité, celle d’une sensibilisation approfondie à l’écologie. Pas d’humanité solidaire sur une planète délétère !

Le Maître d’école endormi. Joseph Beaume, 1831.

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35. Guignolée, fin de vie, surpopulation et congrès politique

Cette semaine, j’ai passé la guignolée pour l’organisme où je fais du bénévolat. À priori, je n’ai pas d’atomes crochus avec ce genre de collecte, mais… l’expérience a été enrichissante, même s’il s’agit tout de même d’une activité épuisante, un peu comme lorsque j’enseignais. Je m’efforçais d’être bien présent, ouvert à tout le monde et à la tâche que j’accomplissais : aller à la rencontre des flots de gens sortant du métro, leur sourire — sans attentes particulières — en déclamant sommairement et régulièrement le but de notre guignolée, persister et rafraîchir continuellement la présentation malgré le bien peu de participation…

Jeune femme faisant la charité. Léon Bonnat, 1863.

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34. Retraite santé et vertiges d’avenir

Jour 8 de ma retraite santé : méditation et compagnie

Ce matin, j’ai peut-être favorisé une fin de vie meilleure à une mouche. 😊 J’ai pris une gorgée d’eau pour avaler une pilule, il y avait autre chose dans le verre, je l’ai ôté vivement et envoyé au fond de l’évier. Là, j’ai aperçu la mouche. Je l’ai bougé un peu, du bout du doigt, et elle vivait. Je l’ai pris doucement. Je me suis dirigé dehors. J’ai soufflé un peu d’air chaud sur ses ailes en espérant l’aider un peu. Puis, je l’ai déposée doucement par terre, dans la nature, en espérant pour elle une fin de vie meilleure… Voilà.

Bien sûr, je n’en sais rien de ce qui peut constituer une vie agréable pour une mouche. Je ne sais même pas si elles sont en mesure de ressentir de telles émotions. Je me dis que c’est possible… La plupart des animaux que j’observe ressentent certaines émotions comme la peur ou le contentement. Par exemple, lorsqu’un chat ronronne, il est clairement content, n’est-ce pas ? Je me dis que ce n’est pas impossible qu’il en soit aussi ainsi des poissons ou des insectes… Ce n’est pas parce ces derniers sont tout petits, et moins à mon échelle, que les possibilités sont inexistantes. Allez donc savoir si cette mouche n’avait pas une vie sociale et affective, et si elle ne s’en allait pas rejoindre sa famille ! Enfin, nous sommes parfois arrogants de croire que seules nos vies peuvent avoir du sens et de l’importance…

À votre échelle. Photo : Benoît Guérin, 2018.

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